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 Campagne Les champions de l'Empire d'Emeraude 2008/2009

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MJ nico
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MessageSujet: Campagne Les champions de l'Empire d'Emeraude 2008/2009   Campagne Les champions de l'Empire d'Emeraude 2008/2009 Icon_minitimeVen 12 Déc - 10:48

一 La feuille qui s’enfuit dans le vent

Paak, Paak…
Dans ce début d’automne, le chant des cigales raisonnait dans le lointain. Amaterasu, comme à son habitude, portait sur le monde son regard chaleureux et bienveillant. Une légère brise se levait sur les Iles des épices et de la soie, apportant cette fraicheur bienfaisante dans une journée de canicule.
Paak, paak…
Dans la cour d’un minuscule dôjô, perdu dans les confins d’une de ces îles, tout était calme en cette heure du Cheval. Un messager se présenta sur le seuil et remit une lettre à un des gardes. Celui-ci non sans hâte traversa le terrain sablonneux où s’entraînaient certains des futurs guerriers du Clan de la Mante, à cette heure-ci presque désert.
Paak, paak…
Après être rentré dans l’un des bâtiments, le garde en ressortit et se dirigea vers l’un des mannequins de bois dans la cour.
Paak, paak…
« Midori san, Arashi sensei désire s’entretenir avec vous. »
Paak… Midori arrêta son Bokken juste avant de heurter ce qui figurait comme étant la tête du mannequin. Des perles de sueurs s’étaient formées à la base de sa chevelure. En demeurant dans la même position, elle tourna légèrement la tête, et quitta l’expression furieuse de son visage. Un sourire radieux apparut sur son visage qui portait encore les traces des quelques juvénilités.
« Bien, merci à toi, Michio. »
Le garde lui fit un léger signe de la tête qu’elle lui rendit, avant de se diriger vers le pavillon où le sensei devait déjeuner. Elle enleva ses sandales de pailles avant de monter sur la véranda, puis se mit à genou devant un des shoji.
« Sensei, vous désiriez me parler ? »
« C’est exact, mais entre donc Midori. »
Avec une délicatesse qui contrastait avec la force qu’elle avait employé quelques minutes auparavant, elle ouvrit le panneau coulissant, entra dans la pièce sur ses genoux et le referma. Arashi sensei était en pleine contemplation d’une lettre délaissant même le repas qui se trouvait sur la table basse devant lui. Il leva les yeux sur la nouvelle arrivante, et l’examina avec une attention appuyée. Devant lui, se tenait une belle jeune femme en seiza. Il se rappelait comment il y a 10 ans de cela, on lui avait amené, une petite fille effrayée qu’il avait la charge d’entraîner et de surveiller. Comme elle lui avait été confié en qualité d’otage, il lui incombait aussi de la tuer si les relations entre le Clan de la Mante et celui des Mille pattes venaient à s’envenimer. Mais avec le temps, il ne put s’empêcher de s’attacher à cet enfant aux talents prometteurs. Droite, dans une position impeccable, la jeune femme aux cheveux courts, vêtue d’un kimono vert à l’effigie de la mante, avait ce regard imperturbable de celle qui était prête à tout pour obéir. Elle avait bien changé, maintenant elle avait des formes que son kimono ne pouvait plus cacher, mais aussi la musculature de celui qui passe se journée à la pratique des arts martiaux. Il ne pouvait s’empêché d’éprouver de la fierté. Midori quant à elle se tenait immobile.
« Fort bien, je t’ai convié ici, pour te faire part d’une missive que je viens de recevoir. Les relations entre Nos deux clans étant actuellement dans la meilleure des voies, et Yoritomo sama, ayant eu vent de tes capacités, a décidé de te confier une mission qui sera profitable à nos deux clans. Yoritomo Inejiro, un de nos grands courtisans, a réussi à te trouver une place dans l’escorte que recevra un des cousins de l’Empereur Hantei XXXIX lors d’une de ses parties de chasse sur les terres du Champion d’Emeraude. Pour ce faire, tu dois te rendre à Ryû Bannin Toshi, et retrouver Otomo Dsichi dans une auberge de la ville. Tous les détails sont dans cette lettre. Tu dois partir sur le champ, un bateau t’attend au port. » Il lui tendit la lettre en même temps qu’il parlait.
Midori fut un peu abasourdie par cette nouvelle qui tombait comme un couperet. Elle n’avait jamais espérer recevoir un tel honneur, mais maintenant qu’il était à sa portée, elle semblait hésiter. Elle secoua la tête comme pour chasser ses idées parasites de sa tête, puis s’inclina profondément en lançant quelques profonds remerciements à l’égard de son sensei. Elle se releva et partit dans ses quartiers. Là, elle rassembla ses quelques affaires dans son furoshiki, mit ses deux Kama à son obi et accrocha son katana dans son dos. Elle jeta un fugace dernier regard à ce qui avait été sa chambre pendant les 10 dernières années et s’en fut dans la cour. Arashi sensei se tenait là, à l’attendre, visiblement satisfait de la promptitude dont elle faisait preuve. Elle s’arrêta devant lui.
« Voilà 10 ans que je te connais, tu ne m’as jamais déçu, au contraire tu as été une source de fierté pour le vieux sensei que je suis. Voilà que nos routes se séparent pour un temps. Tu en sortiras grandie, et je sais que tu mèneras ton action à bien. Va maintenant. »
« Je ne vous décevrais pas. »
Puis elle s’inclina, et sortit de ce qui avait été son chez elle. Elle avait les larmes aux bords des yeux, mais au fond d’elle, elle éprouvait une vive envie de découvrir le monde. Comme beaucoup de jeune de son âge, elle avait passé son temps à apprendre tous les rudiments de la classe des samurai, et n’avait pas eu le temps de découvrir plus que les environs de son dôjô. Et voilà qu’elle connaissait le déchirement propre au long voyage : d’un côté le regret d’abandonner tout ce qui nous est chers, de l’autre l’irrépressible besoin de nouveauté. En ce début d’après midi, il lui semblait revivre un événement bien enfoui en elle, la journée où elle avait été arrachée à sa famille pour être confier en qualité d’otage à la famille Yoritomo. En parcourant les quelques 500 mètres qui séparait le dôjô du petit village de pécheurs où se trouvait le port, elle se remémorait douloureusement ces événements de sa vie. Il lui semblait que son destin ne voulait pas qu’elle se fixe à un endroit où elle était bien, elle ne pouvait pas s’attacher sous peine de se voir ravir tout ce qu’elle appréciait. Ses pensées furent pour un temps chassées à la vue de l’embarcation qui devait être le symbole de sa séparation. C’était un bateau d’une vingtaine de mètres très différents de ceux des pécheurs qui ne possédaient que de petites barques, avec des voiles triangulaires pour progresser à grande vitesse en haute mer. Elle s’arrêta sur le ponton, et regarda un temps les hommes charger d’énormes caisses sur leur dos pour les ramener à bords. Sur le bastingage se tenait un homme au torse nu, démesurément large au point d’en paraître grotesque. Il avait un morceau de tissu noir autour de la tête, à la manière de certains marins du clan de la Mante, ce qui entre autre confortait la vision qu’avaient les autres clans que les Mantes n’étaient que des pirates. Il semblait être le commandant du navire. Elle gravit la passerelle et monta à bords, mais avant qu’elle puisse dire quoi que ce soit.
« Vous êtes bien Moshi Midori ? Eh bien Moshi san, veuillez embarquer à bords et prendre vos aises. » Dit il avec une ironie à peine déguisée.
Midori bien qu’au fait des manières des marins, ne put s’empêcher de le trouver rustre. Ca lui donnait envie de tout lâcher et de repartir, mais son honneur et son devoir ne lui laissait pas le choix. Elle soupira en montant à bord, à l’idée qu’il lui faudrait passer une semaine avec ces hommes sans d’autres possibilités de fuir leur compagnie. Cependant les rayons bienfaiteurs du Soleil, lui apportaient un peu de réconfort. Comme tous les Moshi, elle appréciait l’astre solaire plus que tout, et lui vouait même un culte comme lui avait appris sa mère. Tant que la déesse Amaterasu veillerait sur elle, elle n’avait que faire des conditions dans lesquelles elle devait vivre.
Cependant qu’elle prenait place à bord de l’embarcation, elle remarqua deux autres individus, bien différents des autres. L’un deux était vêtu de simples vêtements de voyage, son crâne était rasé, l’autre un peu plus grand, portait un kimono noir et rouge fait d’un subtil jeu de motifs de scorpion qui s’entrelaçaient sans fin, un mempo lui couvrant le bas du visage. Ces deux individus étaient un étonnant contraste avec la rudesse des marins. Comme deux ilots d’un monde civilisé dans une mer de grossièreté. Celui au crane rasé s’avança.
« Enchanté Moshi sama, je suis content de faire votre connaissance, on me nomme Toritobi, je suis un moine des milles fortunes, mon camarade se prénomme, Bayushi Ryûchi, nous serons vos compagnons de voyage jusqu’à Ryû Bannin Toshi.»
« Je suis également ravie de vous rencontrer Toritobi san » dit-elle en inclinant la tête en direction du moine, « Bayushi san », en rendant la même politesse au samurai du scorpion.
Le voyage allait être plus distrayant qu’elle ne l’aurait pensé.
Les marins venaient de finir d’apporter à bord toutes les caisses qui étaient entassées sur le ponton. Le commandant donna alors le signal et l’on largua les amarres. Lentement avec un petit grincement typique, le bateau se détacha de son ancrage terrestre et au fur et à mesure que l’on remontait l’ancre, commença à dérivé vers le grand large. Voilà, c’en était fait, elle ne pouvait que regarder d’un air mélancolique, les rivages de cette petite île s’éloigner jusqu’à ne devenir qu’un point à l’horizon. Ses voiles gonflées par le vent, le navire prit de la vitesse, fendant les flots, tel un énorme monstre marin, en direction du nord ouest vers l’Empire d’Emeraude, le continent d’une nouvelle vie. Le voyage fut d’une tranquillité affligeante. Pour tenter de rompre l’ennui, Midori s’entrainait régulièrement à faire ses kata, à discuter avec le jovial Toritobi, et tenter de faire parler le taciturne Ryûchi. Les journées passèrent comme un long rêve éveillé. Parfois Midori se reprenait à penser à sa vie passée, mais elle chassait vite sa mélancolie pour essayer d’imaginer comment elle mènerait à bien sa mission, ce qu’elle ferait, pour être profitable aux deux clans qui lui avaient confié la mission.
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MessageSujet: Re: Campagne Les champions de l'Empire d'Emeraude 2008/2009   Campagne Les champions de l'Empire d'Emeraude 2008/2009 Icon_minitimeVen 12 Déc - 10:50

Au bout d’une semaine, la terre fut en vue, mais on continua de longer la côte. Bercée par les mouvements de la houle, Midori laissa vagabonder son esprit sur le dos des vagues. Une secousse fit tressaillir le navire. Elle fut si surprise qu’elle faillit, malgré son entraînement, tomber à la renverse. Tous les marins restèrent interloqués. Quelque chose clochait. Une seconde secousse fit comprendre à tout le monde que la situation était anormale. A bâbord, une masse sombre apparut hors des flots. On aurait dit un immense serpent marin. Tandis que certains, parmi les marins se penchaient pour observer la bête, à tribord, on vit surgir une tête gigantesque pareille à ces monstres oubliés que l’on ne trouve que dans les légendes racontées par les anciens au coin du feu. Un œil reptilien, aussi gros qu’une tête de buffle, fixait les misérables humains qui s’agitaient en tout sens à sa vue, puis disparut dans les flots bouillonnants. Les hommes s’armaient se préparant à lutter jusqu’à la mort. Mais tout était redevenu calme. Encore sous le choc, chacun restait à sa place ne sachant réellement que faire.
« Qu’est ce que c’était ? » risqua un des marins.
« Je ne sais pas, mais c’est effrayant » dit un autre.
« C’est un Orochi » dit enfin le capitaine d’une voix forte. « Mais ne vous relâchez pas, ces bêtes là sont rusées ».
Comme pour faire écho aux propos du Capitaine, on vit surgir à tribord, la queue du monstre qui se dressa haut dans le ciel et retomba violement sur la frêle embarcation qui se déchira en sombrant dans les flots.
La dernière vision de Midori fut les eaux noires qui l’engloutissaient, la large silhouette de l’orochi se dirigeant vers elle. Puis tout devint noir.
Le vent froid… Si froid…. L’impression d’avoir son corps balloté comme s’il était une feuille emportée dans quelque tempête. Ses cheveux lui fouettaient le visage. Elle se sentait tellement mal. Ses côtes semblaient enserrées, contorsionnées. Avec grand peine, elle entrouvrit ses yeux. Et là, ce fut le choc. Elle se trouvait à présent à plusieurs mètres de hauteur au dessus de la mer. Elle volait… Plutôt on la faisait voler. Elle se trouvait entre des serres géantes… Tout redevint noir….
Quelle sensation agréable ! Elle avait 5 ans, elle était dans les bras de sa mère. La chaleur réconfortante de son corps contre le sien. Et la douce berceuse qu’elle lui chantait. Rien n’était plus agréable que cela. Elle avait envie de rester là, dans cet état pour l’éternité…
Un cri de mouette se fit entendre. Comment se faisait-il qu’il y ait une mouette ? Sa mère disparut peu à peu aspirée par les méandres de sa mémoire. Le bruit du ressac parvint à ses oreilles. En un instant, elle se rappela le bateau, l’attaque. Elle ouvrit les yeux.
Le soleil était juste à l’aplomb de son regard. Elle détourna les yeux, toujours allongée. Elle était sur le sable. Une plage… Elle était sur une plage. Derrière, un bruit. Vivement elle se retourna et vit Bayushi Ryûchi tranquillement en train de monter ce qui semblait être un bûcher. Tournant son regard vers elle, le jeune homme lui sourit.
« Enfin, vous êtes réveillez ? »
« Que s’est-il passé ? »
« Humm, que pensez-vous qu’il se soit passé ? »
« Qu’est ce que vous me chantez Bayushi san ? Je me souviens que nous étions à bord du navire quand nous avons été attaqués par ce monstre. Et maintenant nous voici sur cette plage, loin de tout, et vous, éveillé en train de monter un bûcher. »
D’un mouvement de la tête, il lui indiqua un endroit sur la plage. Des débris de bois étaient rejetés par la mer, en même temps que quelques cadavres. Elle comprit alors ce que le samurai était en train de faire, un bûcher mortuaire pour les pauvres marins morts dans l’attaque. Ce n’était donc pas un rêve. Mais cette sensation de voler, était-ce un rêve ou la réalité ? Perdue dans ses pérégrinations intellectuelles, elle n’entendait pas qu’on l’appelait.
« Vous allez bien, Midori sama ? Êtes-vous blessée ? »
Elle reconnu la voix du moine. Malgré un air triste, il lui lança un de ces sourires qui met du baume au cœur, qui respire la bonté.
« Ca va. Merci Toritobi san ».
« Bon, nous allons devoir brûler ces corps pour leur offrir ce que mérite les morts. Je vous purifierai ensuite et prierai pour leur bon passage dans l’autre royaume et tenter d’apaiser leurs âmes. »
Déjà Bayushi Ryûchi, s’affairait à porter des cadavres jusqu’au bûcher. Midori était écœurée, comment cet homme pouvait-il porter si facilement des morts sans en éprouver du dégout. Cependant, elle lutta contre son envie de ne pas les toucher, en accord avec les tabous que la société porte aux morts, et entreprit, elle aussi, de rassembler les quelques corps sans vie qui trainaient sur la plage. On aurait cru que même la mer ne supportait pas de porter en elle la mort.
Leur besogne accomplit, le moine se lança dans une prière funéraire.
« Amaterasu, toi qui a été témoin de l’événement, soit ici la garante de mes intentions pures. Que ces âmes trouvent le repos qu’elles méritent, et ainsi être apaisées. Vous, nobles gens qui en ce jour funeste, avez fait sacrifice de votre vie ne vous éternisez pas sur cette terre, et trouvez le repos pour revenir en notre monde sous une forme ou une autre. »
Puis il purifia les deux samurai, et l’on alluma le bûcher.
« Bien, la mort n’est que le début d’une nouvelle expérience. Midori san, il me semble que vous ayez une mission. Nous devrions d’abord trouver quelques signes de vie pour nous orienter. Qu’en pensez-vous ? »
« En effet, vous avez raison Toritobi san. Allons-y. »
Dans l’attaque, elle avait tout perdu excepté ses deux kama, son katana et la lettre qu’elle tenait dans une petite poche à l’intérieur de son kimono. Sans autre préparatif, ils partirent, laissant le bûcher flamber derrière eux.
Non loin de la plage, on pouvait voir une forêt. Ils s’y dirigèrent, la longeant pendant quelques temps, jusqu’à trouver un sentier qui aboutissait sur la plage. Ils s’y engouffrèrent. Après ce qu’il venait de vivre, la tranquillité de cette nature leur fit du bien. Ils trouvèrent même de quoi se sustenter parmi les baies qui pendaient aux arbustes entourant le sentier.
Cette marche leur fit un peu oublier le traumatisme qu’ils venaient de vivre.
« J’espère que la suite des événements sera plus paisible. Un monstre par jour ça me suffit. » Laissa échapper Midori pour tenter de radoucir l’atmosphère. Ses deux compagnons rirent gentiment à cette phrase pleine d’innocence.
« Comment ? Je croyais que pour une guerrière de votre acabit cela ne représentait rien de plus qu’une mise en bouche. » Répondit sur le même ton le moine.
« Je préfère quand il se tiennent sur leur deux jambes un katana à la m… » Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase qu’elle trébucha sur une racine qui dépassait du chemin. Elle eut, cependant le réflexe de se protéger dans sa chute, et trouva juste devant ses yeux des empreintes de pas étranges.
Voyant qu’elle ne se relevait pas, le Scorpion intervint. « Midori san, allez vous bien ? »
« Regardez ce que je viens de trouver » dit elle en leur indiquant sa découverte. Il y avait là plusieurs empreintes de pas. Certaines ressemblaient à des empreintes de sandales de paille, mais il y en avait d’autres en grand nombre qui étaient à peine plus grandes que celles d’un enfant mais avec seulement trois grands doigts griffus. Il semblait y avoir eu une lutte à cet endroit même.
« Cela ne me dit rien qui vaille. Avez-vous vu ces empreintes, je n’en ai jamais vu de telles. Ce n’est pas humain. » Dit elle en se relevant.
« Il me semble en avoir déjà vu, mais où était-ce ?» se dit comme pour lui-même le samurai au kimono rouge et noir. « Que pensez-vous faire ? »
« Bien que je ne sois pas sur mes terres, et bien que toutes les émotions que nous venons de vivre m’aient un peu refroidit, il me semble qu’il y ait ici quelques étrangetés qu’on ne peut faire semblant de ne pas avoir vu. Mon honneur me dicte d’aller voir ce qu’il s’est passé ». Attrapant chacun de ses kama, elle s’enfonça dans les bois dans la direction que prenaient les empreintes insolites.
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MessageSujet: Re: Campagne Les champions de l'Empire d'Emeraude 2008/2009   Campagne Les champions de l'Empire d'Emeraude 2008/2009 Icon_minitimeVen 12 Déc - 10:50

二 Trois rencontres, un enterrement

Ils marchèrent pendant une vingtaine de minutes. Au fur et à mesure qu’ils s’enfonçaient plus profondément, ils voyaient de ci de là, des indices qui les confortaient dans leurs soupçons –branches cassées, pierres déplacées et empreintes dans la boue. Bientôt, les oiseaux ne faisaient plus entendre leurs chants mélodieux. Les arbres commençaient à se clairsemer, ils ralentirent le pas. Dans la troué qui s’ouvrait devant eux, Midori aperçu une grosse forme cubique et plusieurs formes humaines étendues par terre. Elle s’arrêta pour regarder plus attentivement ce qui se dressait devant elle.
« Madame, excusez moi, mais je dois vous laisser, je ne peux vous expliquer » dit Ryûchi.
A peine se retournait elle pour lui répondre qu’elle vit la silhouette du samurai disparaitre dans les sous-bois. Elle se retrouvait seule avec le moine. En face, rien ne semblait bouger. Au bout de ce qui lui sembla une éternité, elle s’avança dans la clairière suivit de près par Toritobi…

***
« Des gobelins ! Ici ! » Se dit-il. « Si j’avais su ça, je n’aurais pas autant rechigné à me lancer dans cette mission. »
Kuni Kanote releva le nez des empreintes qu’il avait aperçu aux abords d’un chemin. Fidèle au caractère de ses ancêtres du Clan du Crabe, dès qu’il voyait des traces de créatures de l’Outremonde, il ne pouvait s’empêcher de les chasser. Après tout, c’était le rôle de son clan depuis plus d’un millénaire. En tant que Shugenja, qui plus est, spécialiste de l’étrange, il ne lui vint même pas à l’esprit qu’il puisse en être autrement. Armé de sa longue hallebarde, il fauchait loin devant lui les branches qui lui barraient le chemin, s’enfonçant toujours plus profondément vers la forêt, vers la promesse de la Vengeance.
Après une bonne demi-heure de marche, il maudit une fois de plus ces êtres vils. Qu’avaient-ils donc à parcourir de si longue distance ? Lui n’avait qu’une envie : en découdre. Le cousin de l’Empereur ne devait pas l’attendre avant le lendemain, et ce serai largement suffisant pour se décrasser un peu après ces semaines de voyages. Soudain il vit dans le ciel, s’élever à grande vitesse, ce qu’il prit d’abord pour quelques fusées de feux d’artifice, ou quelques sorts. Mais à y regarder de plus près, cela semblait se mouvoir tout seul. Quatre pattes, une énorme gueule et cette aura lumineuse… Ce ne pouvait être qu’un dragon, ces messagers divins qui descendent parfois sur terre pour aider certains mortels. De plus chose curieuse, le dragon semblait venir de l’endroit où convergeaient les traces de gobelins. Il hâta le pas, certains de trouver sa proie à quelques enjambées de là.

***
En avançant, dans l’éclaircie, les formes étendues n’avaient pas bougé. La forme cubique semblait être un palanquin renversé. Aucun doute, c’était bien le spectacle d’un massacre cruel perpétré contre des individus qui n’étaient même pas armés. Il y avait quatre formes éparpillées autour des restes du palanquin naufragé. Ce dernier était vide, mais un petit miroir à l’intérieur suggérait qu’il contenait surement une femme. Cependant les quatre cadavres n’étaient que des hommes, et qui plus est, pauvrement vêtus, vraisemblablement les porteurs. Leurs faces figées dans une expression de terreur participaient à rendre toute cette scène surnaturelle. Midori s’approcha de l’un des corps comme pour vérifier qu’ils étaient bien morts. L’homme avait été blessé au torse vraisemblablement par un sabre, ou du moins une arme tranchante.
« Ils sont morts moine. Il va aussi falloir incinérer ceux là aussi. Je vais chercher du bois. »
Elle se releva, et alors qu’elle croisait le regard du moine, elle y lut une terreur sans borne. Derrière elle, quelqu’un se redressait. Sans vraiment comprendre pourquoi, elle se retourna. Elle recula d’un bond tant sa stupeur était grande. Le corps sans vie qu’elle avait examiné quelques secondes auparavant se tenait maintenant debout, le regard vide, comme dénué d’intelligence. Ses blessures ne saignaient pas. Comme elle ne comprenait pas, elle reculait d’un pas jusqu’à heurter Toritobi resté en retrait. Bientôt les trois autres macchabées se mirent sur leurs pieds dans une attitude qui suggérait plus l’homme ivre que celui en bonne santé. Ils semblaient désorientés, comme s’ils se réveillaient après un long sommeil. Leur membres semblaient encore engourdis car ils pendaient à leur côté, comme s’ils étaient inertes. Ils se mirent à humer l’air tout autour d’eux, et arrêtèrent leur visage en direction des deux compagnons. Puis avec une vitesse qu’on ne se saurait pas attendu voir chez des êtres auparavant si lents, ils avancèrent à grandes enjambées vers ce qui semblait être leur proie. Ils avaient un air pitoyable dans leur mouvement ; toutefois la faim et l’envie de mort qu’on sentait émaner d’eux ne laissait que peu de temps pour le remarquer.
« Arrêtez-vous ! Qu’est ce qui vous prend donc ? Un pas de plus et je serai forcée d’user de mon sabre ! » Dit Midori en même temps qu’elle reculait.
Elle avait peur, d’une part parce que ce spectacle lui en inspirait énormément et d’autre part, parce qu’elle venait à peine de passer son gempukku, et n’avait pas encore eu l’occasion de tuer un être de son sabre. Elle avait pensé que cette simple injonction aurait suffit à calmer ces hommes. Mais il n’en fut rien. Elle fit encore deux pas en arrière. Puis l’un des cadavres ambulants arriva à moins d’un mètre cinquante d’elle. Comme par réflexe, elle dégaina et reproduisit les coups qu’elle avait passé tant de temps à apprendre. Elle toucha le premier homme en plein dans le torse. Effrayée d’avoir porté un coup mortel à un être humain, elle était comme paralysée. Mais l’homme ne s’effondra pas. Il continuait à bouger et à vouloir s’emparer d’elle. Elle retira vivement son sabre, et à l’endroit où il se trouvait quelques instants plus tôt, il n’y avait rien, pas de sang, que le vide. La créature qui ne s’était presque pas arrêtée, continua ses assauts forcenés. Un autre venait par la droite. Elle n’avait plus le temps de réfléchir, plus le temps d’avoir des regrets. Il fallait survivre, il fallait vivre.
Derrière elle, le moine effectuait de périlleux enchaînements d’un art martial secret qui était le fort des membres de sa classe. Midori, elle, portait des coups mais les créatures semblaient insensibles.
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La dernière des créatures était en train de la contourner pour la prendre sur le flanc gauche. Elle était cernée. L’espoir s’échappait à chaque coup qu’elle portait, tant ceux-ci ne paraissait avoir aucun effet sur les non morts. Elle entendit courir sur sa gauche. Puis elle entendit clairement une incantation.
« Vous, Kami de la Terre, venez à mon aide, pour détruire ces atrocités qui souillent votre sol. Moi, Kuni Kanote vous appelle pour que vous me prêtiez votre pouvoir »
Les kami de la terre l’avaient entendu, il le savait. Il sentit la terre frémir sous lui. Depuis ses plantes de pieds, il sentit remonter en lui des vagues d’énergie. Et pendant qu’il finissait de formuler le sortilège qui lui permettrait de donner forme à ces énergies que lui prêtaient les esprits de la terre, il tendit le bras, index pointé dans la direction d’une des créatures. Une boule verte comme jade, pas plus grosse qu’une perle, se forma devant son doigt. Puis soudain elle grossit jusqu’à avoir la taille d’une petite pomme. Elle s’emplissait d’énergie, et semblait tourner de plus en plus vite. Kanote fit un léger mouvement de la main, et la boule s’élança à une vitesse extraordinaire et se ficha dans les chaires de la créature qui venait par le flanc gauche de Midori. La chaire brûlait instantanément, semblant pelée au contact de la sphère verte. La créature se retourna alors et s’élança vers la source de ses douleurs.
Midori eu un sursaut d’espoir. Les forces semblaient s’équilibrer. Elle continuait sans relâche à frapper ses deux agresseurs. Puis elle fit un pas sur la gauche, et l’un d’eux trébucha, lui offrant l’ouverture qu’elle attendait. Elle leva haut son sabre, et l’abattit d’un geste aussi vif que précis sur la nuque de ce dernier. La tête tomba lourdement au sol, suivit du corps qui la portait un peu plus tôt. Mais il était pris de soubresauts, dus aux résidus nerveux. On pouvait donc vaincre ces êtres. Cependant qu’elle avait profité d’une ouverture, elle en offrit également une au second macchabée qui était aux prises avec elle. Celui-ci lui porta un coup de toutes ses forces dans la gorge. Du moins c’était ce qu’il avait voulu faire. Au lieu de planté ses ongles dans le cou de la samurai-ko, ce ne fut que le moignon de son bras qui toucha la cible. Une flèche venait de lui arracher ce qui lui servait de main. Midori fut déséquilibrée par le heurt, et recula de quelques pas avant de refaire face à son adversaire. Elle vit alors à une vingtaine de mètres de là, un samurai en armure bleue tenant un arc long, droit devant lui.
Le mage du clan du Crabe, qui avait lancé un sort un peu avant, avait vu sa cible se tourner vers lui et se lancer dans une charge aussi pathétique qu’implacable. Il empoigna son Ono (hallebarde japonaise) et chargea à son tour le mort vivant blessé à l’omoplate. Le choc fut terrible. La créature finit empalée sur la longue pointe de l’arme mais elle réussit tout de même à frapper le mage au bras droit avant de s’effondrer dans l’herbe.
La créature amputée ne s’arrêta pas sur sa blessure, et continua de s’en prendre à la samurai-ko aux kama. Celle-ci fut prompte à répondre cette fois-ci et lui trancha l’autre bras. Malgré tout, le mort vivant continuait de l’attaquer avec tous les moyens à sa portée. Il reçu encore deux autres flèches dans le dos avant de mordre la poussière. Se souvenant que Toritobi était lui aussi confrontés à un de ces monstres, elle se tourna vers lui. En une succession de coups de poings distribués à une vitesse impressionnante, il défit le cadavre ambulant qui s’en prenait à lui. Il avait deux trous béant à la poitrine et semblait respiré difficilement. Elle se précipita vers lui.
« Laissez moi voir, je vais tâcher de panser vos plaies. »
« Ce… Ce n’est pas la peine… Laissez-moi juste un instant, …. Je vous prie »
Le moine s’assit en position de méditation, ferma les yeux et se lança dans une psalmodie ininterrompue. Au bout de quelques instants, les plaies se refermèrent alors que l’incantation gagnait en force. Il se releva alors, frais comme après une bonne nuit de repos. Midori, détachant son attention du bonze, aperçut les deux étrangers qui s’étaient avancés dans la clairière. Elles les avaient presque oubliés.
« Samurai sama, je vous prie de bien vouloir accepter ma plus vive reconnaissance pour l’aide que vous nous avez fourni. Sans vous, je n’aurais pas donné cher de nos vies. » Puis après une courte pause « Je me nomme Moshi Midori, disciple du style Yoritomo, mon acolyte se prénomme Toritobi, il est moine de son état. »
Le samurai en armure bleu, retira son mempo de son visage, ainsi que son casque et prit la parole. « Madame, Je suis Daidoji Eiga, j’étudie auprès de Daidoji Hakumei. Je suis heureux d’avoir pu vous servir, même si je ne chassais pas ce genre de proies. » Il était un peu plus grand que Midori, et avait des manières qui trahissaient son appartenance au Clan de la grue. Ses cheveux longs et blancs étaient attachés en chignon à l’arrière de son crane. Ses mouvements étaient mesurés comme s’il voulait qu’aucun ne soient inutiles. Son allure était fière et sa posture indiquait clairement, à n’importe qui un peu porté sur les arts martiaux, qu’il devait exercer le métier d’éclaireur.
L’autre, bien plus grand, dépassait Midori de deux bonnes têtes, et Eiga de plus d’une. Il portait une capuche qui cachait presque entièrement son visage. A la couleur de ses vêtements –rouge brique et gris foncé- on devinait qu’il était du Clan du crabe. Il découvrit son visage, et les autres eurent un instant d’étonnement, mais, de peur de paraître inconvenant, ne le montrèrent pas. Il portait les cheveux courts ainsi qu’une petite barbichette, mais tout son visage était peint de rouge et de blanc de sorte qu’il ressemblait à un démon à forme humaine. Midori, bien qu’elle n’en avait jamais vu avant, savait que les Shugenja du Crabe recouraient souvent à ce genre de procédé dans le but d’imiter leurs ennemies héréditaires, les habitants de l’Outremonde. Il prit la parole, sa voix était dure et sombre. « On me nomme Kuni Kanote, exterminateur des créatures de l’Outremonde » Puis contrastant avec son air un peu lugubre, se fendit d’un large sourire « Pour tout vous avouer, je recherchais des gobelins dont j’ai trouvés les traces, mourant d’envie d’en ajouter encore quelques uns à mon palmarès. La piste menait jusqu’ici. En même temps, des morts vivants c’est toujours ça de pris. »
« Des gobelins dites vous ? C’est étranges j’ai moi-même trouvé d’étranges empreintes au bord d’un chemin, environ de cette taille, avec seulement trois longs doigts griffus » dit Midori joignant les gestes à la parole.
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MessageSujet: Re: Campagne Les champions de l'Empire d'Emeraude 2008/2009   Campagne Les champions de l'Empire d'Emeraude 2008/2009 Icon_minitimeVen 12 Déc - 10:51

« Ce sont des empreintes de gobelins cela ne fait aucun doute. Que diriez-vous d’une petite chasse à la peau verte ? J’ai une journée à tuer avant de me rendre à Ryû Bannin Toshi, et un peu de compagnie ne fera pas de mal, ça fait maintenant deux semaines que je voyage seul. » Répondit Kanote.
« Heureuse coïncidence ! Je me rends également dans cette ville pour une affaire qui demande ma présence en ville à partir de demain. Ce sont les fortunes qui nous ont mis en contact » dit d’une voix jovial le samurai de la Grue.
« J’ai vraiment du mal à le croire mais je dois également m’y rendre, afin d’escorter le cousin le l’Empereur. Que les Kami soient loués» Intervint à son tour la samurai-ko.
« Eh bien, puisqu’il semble que nous ayons tous les trois la même mission, et que la providence nous a réuni ici même, à quelque distance de la ville en question, je ne peux qu’y voir un signe du destin. Profitons de ces augures favorables pour nous occuper de ces quelques goblinidés qui doivent trainer dans les alentours » dit le Crabe.
« Ce doit être eux qui ont attaqué le palanquin et tué ses porteurs. On dirait même qu’ils ont enlevé la personne qui était transporté. Il y a trop de concordances pour que ce ne soit que le hasard. C’est une occasion de faire notre devoir envers l’Empereur. » Conclut Midori.
Après avoir regardé de près les différentes pistes qui partaient de la troué, et après quelques discussions courtoises sur la marche à suivre, ils se mirent en route. Eiga se tenait en tête, suivit plus loin par Toritobi et Kanote, la marche était fermée par Midori, qui prenait soin de laisser le moins de traces possibles de leur passage.
***
« Il n’y a personne ! » se dit le samurai de la grue après avoir longuement guetté l’éventuelle présence de vie dans la cabane. Il fit un geste à ses compagnons, encore caché dans les broussailles, les indiquant que la voie semblait dégagée. Tout en gardant une certaine prudence dans leur approche, le reste du groupe se rassembla autour de Daidoji Eiga.


La petite maison, sûrement un de ces abris de bûcherons, était adossée à une montagne. Les traces de pas y menaient pourtant. Perplexes, chacun se demandait si il n’avait pas suivit une fausse piste. Ils se regardèrent et d’un commun accord tacite, se mirent en position pour pénétrer dans la chaumière. Celui qui leur avait servit d’éclaireur fit le premier mouvement. Il poussa la porte de bois et se recula rapidement de manière à pouvoir faire face à ce qui l’attendait à l’intérieur. Mais ils ne furent accueillis que par le silence. Après un court instant, ils rentrèrent.
L’unique pièce qui composait la masure était sobrement meublée : un martelât posé sur le sol, un trou dans le plancher dans lequel on faisait du feu et dans le fond deux tonneaux et un coffre mais pas de trace de vie. Ils entreprirent alors de fouiller la pièce. Eiga examinait les murs, Midori s’occupait de la literie et du coffre pendant que Kanote et Toritobi sondait le sol. Les fouilles ne furent que peu fructueuses à part une bourse et quelques papiers sans importance. Ils étaient sur le point de ressortir lorsque le moine fit une découverte. Sous l’un des coussins autour de l’âtre, une trappe se dessinait. Ils se rassemblèrent autour de celle-ci et tentèrent de la soulever à peine.
Le samurai de la Grue jeta un coup d’œil par la faible ouverture. Il ne vit que le noir.
« Je ne vois rien, il fait trop sombre »
« Si vous voulez, je peux invoquer une sphère lumineuse, je suis sûr que ça servira. » dit le shugenja du Crabe commençant à sortir un parchemin pour user de sa magie.
« Attendez ! De la lumière, quelqu’un vient, refermez la trappe.»
A travers les lattes du plancher, ils virent qu’en effet, de la lumière filtrer. Cette dernière sembla s’arrêter à la verticale de l’ouverture. Chacun retenait sa respiration. Puis la lumière sembla repartir d’où elle était venue. Eiga entrouvrit la trappe et descendit, le long de l’échelle.

La première chose qui le frappa était l’humidité ambiante. Au bout d’un long couloir, il vit disparaitre un sorte de nain tenant une torche. Quelques torches parsemaient le corridor laissant de grands espaces dans l’ombre. Eiga fit un signe à ses compagnons pour qu’ils referment la trappe, et s’avança dans l’obscurité pour cacher sa présence. L’étrange petit être réapparut soudain. Gardant son sang froid, Eiga porta la main à la garde de son sabre. Il se cala dans un renfoncement de la paroi, et grâce à son entrainement devint presque invisible.
Au fur et à mesure qu’elle avançait, il discerna de mieux en mieux la silhouette. Un petit être d’à peine 4 pieds de haut, avec des longues oreilles, un front dégarni, des membres antérieurs disproportionnés, et des grands yeux rougeoyants : quel être grotesque ! Le gobelin passa devant lui sans le voir. Eiga sortit de sa cachette, et l’assomma. Il le ligota avec une cordelette qu’il sortit de son furoshiki et le bâillonna. Il retourna à l’échelle et retrouva ses acolytes pour qu’ils le suivent.
En quelques instants, la petite troupe se trouva dans le couloir. Sans perdre de temps, le samurai de la Grue tendit une torche au moine puis alla plus avant dans la pénombre. Il se retourna juste pour chuchoter : « gardez le prisonnier, et essayez de savoir combien ils sont ? je vais juste voir ce qu’il y a un peu plus loin.» et disparut. Kanote s’avança vers la chose recroquevillée.
« Je vais essayer de l’interroger, ce n’est pas le premier que je vois. Alors mon petit gars, on va voir ce que tu as dans le ventre ».
Il enleva le bout de tissu qui entravait la gueule du peau verte qui essaya de lui arracher un doigt au passage, sans succès.
« Oula, c’est qu’il mordrait » dit-il un sourire sur les lèvres. Il tendit vers le prisonnier son ono.
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« je sais que tu me comprends. Combien des tiens sont dans ces couloirs ? Parle et vite ! »
Comme il n’eut pas de réponse, il le piqua légèrement de la pointe de son arme. Le gobelin se mit alors à grogner, puis lança un cri.
« Tuez le ! vite » lui enjoignit la jeune femme.
Sans réfléchir, il transperça la gorge du monstre dont les plaintes moururent en un gargouillis nauséabond.
« Je vois que vous savez menez des interrogatoires dans le Clan du Crabe.» Dit une voix derrière le prêtre des kami, sans cacher son ironie. «Celui là ne fera plus de mal, mais j’ai cru déceler la présence de plusieurs de ses congénères dans les parages. Ne perdons pas de temps.» rajouta l’éclaireur revenu juste pour voir la scène.
Après le corridor, ils arrivèrent à un embranchement : trois chemins, une décision. Ils prirent sur leur droite une longue galerie qui tournait sur la gauche. Ils entendaient les élucubrations d’un être qui se parlait à lui même. Des bruits de pas, il semblait tourner en rond. Le Chien de meute de la Grue prit son arc en main, encocha une flèche et le banda. Il fit un pas de côté de manière à voir ce qui se trouvait après le tournant. Une créature… Une corde qui vibre dans l’air… Un bruit sourd de chute. La scène n’avait durer qu’une seconde.
Ils parcoururent la distance qui les séparait de la dépouille. Ils étaient dans un cul de sac. La seule chose qu’il y avait dans ce semblant de pièce était une porte à barreaux faite de bambou. Ca ressemblait à une sorte de geôle, et celle-ci ne contenait qu’une vieille paillasse. Eiga se baissa pour récupérer sa flèche, il lui sembla discerner un mouvement sur sa droite. Il se retourna mais Midori fut plus rapide, elle avait dégainé et se tenait devant la porte. Une masse informe se rapprocha de la lumière. Elle leva son sabre.
Devant ses yeux, une petite fille couverte de boue se tenait là, ses grands yeux fixaient la samurai-ko. Elle avait été rapide à sortir sa lame, elle le fut encore plus à la lâcher. Et se précipita vers la porte.
« Qui es-tu ? Que fais-tu ici ? »
« Je sais pas. J’étais avec ma sœur dans le palanquin qui nous ramenait à papa, mais ils nous ont attrapé. Ils ont tués les autres, ils ont emmené ma sœur. J’ai peur. »dit la petite en fondant en larme. « aidez moi, je veux sortir d’ici. Aidez moi, me laissez pas. J’ai peur. J’ai peur. Je veux voir mon père. »
« Ne t’inquiète, nous allons trouvés un moyen de te sortir d’ici, et vite. » dit chaleureusement Midori. Mais malgré tous leurs efforts la porte ne voulait pas bouger. Il faudrait trouver la clef. « Nous allons trouver la clef pour te sortir d’ici et ramener ta sœur. N’aie pas peur, tu ne crains plus rien maintenant. »
Ils retournèrent vite sur leurs pas. C’en était fait, ils étaient au comble de la fureur. Pas un de ces monstres n’allaient survivre…
Ils retrouvèrent le carrefour et continuèrent tout droit. Le couloir était plus irrégulier que celui qu’ils venaient de quitter. La colère les faisait marcher plus vite, si bien qu’ils ne virent pas le trou dans le sol. Le Crabe qui était moins agile que ses compagnons, trébucha et fonça tête la première dans le fossé. Des pieux hérissaient le fond de celui-ci. Kanote les vit se rapprocher rapidement… Et rien… Il ne sentit rien. Il rouvrit les yeux, il était en équilibre au dessus du trou retenu par le col.
« Aidez moi, ou nous tomberons tous les deux » dit le Daidoji.
La Moshi agrippa à son tour l’éclaireur et l’aida à hisser l’infortuné magicien.
« Il s’en est fallu de peu. Merci Daidoji san. »
« Ce n’est rien, nous avons encore besoin de vos talents maître Kuni. »
Ils repartirent. Le corridor déboucha sur un autre embranchement. Dans le lointain, on voyait un feu, cinq gobelins en plein festin. Ils avaient l’effet de surprise avec eux. L’éclaireur sortit un flèche de son carquois, la guerrière prit ses deux kama, le mage sortit un parchemin de son étui. Une incantation sortit de sa bouche, tout son corps commença à s’enflammer, il prit son arme à deux main. Un cri de vengeance sur les lèvres, ils se lancèrent dans l’ivresse du combat.
***
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